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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 17:54

 

Article complet . Le 12 mars 2015

 

Depuis les attentats des 7 et 9 janvier 2015 à Paris et Montrouge, nombreux sont les regards, pas forcément bienveillants, qui se portent sur l'école. Le 22 janvier 2015, lors d'une conférence de presse sur "Education, jeunesse, citoyenneté, laïcité : l'Etat se mobilise", Najat Jallaud Belkacem, la ministre de l'Education nationale, a lancé "une grande mobilisation de l'école pour les valeurs de la République", et a martelé : "L'école a une fonction morale". Le Premier ministre, quelques jours avant, du haut de la tribune de l'Assemblée nationale, avait crié trois fois le mot : laïcité! Le cri était-il déjà solution?

 

Laïcité ou laïcités ? 

 

Quelle conception de la laïcité véhicule l'école ? Sans attendre les attentats de début janvier, le Ministère de l'éducation, sous l'impulsion de Vincent Peillon, reprenait à frais nouveaux dans sa "refondation du système éducatif" le thème de la laïcité. La profusion des titres de  projets de ce qui deviendra  l'Enseignement moral et civique témoigne de l'enjeu social, sociétal, culturel, civilisationnel, et de conflits politico-idéologiques, divisant même les groupes politiques. Quels changements sont proposés? Sont-ils à la hauteur de l'enjeu? Mais, d'abord, quel diagnostic faire?

 

L'école véhicule majoritairement l'image d'une laïcité de méfiance vis-à-vis des religions, une laïcité d'occultation de la diversité culturelle de la société française, soit une laïcité d'assimilation/exclusion en contradiction avec l'esprit des Lumières ou celui de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat. Cette conception de la laïcité est curieusement proche de la pseudo-théorie du choc des civilisations et de la rhétorique du Front national qui capte et détourne le concept de laïcité de son acception originelle ouverte à la fraternité.

 Aujourd'hui, qu'en est-il précisément de cette laïcité dans les instructions et discours officiels, les manuels scolaires et les pratiques pédagogiques?  

D'abord dans les manuels scolaires. Quelles images de la laïcité, thème au programme d'éducation civique de 2008 pour la 6e - et seulement en 6e! -, sont véhiculées dans les dix manuels que proposent six maisons d'éditions ? Que dit-on de la laïcité mais aussi de l'identité ?

 

 Une identité strictement juridique qui occulte le pluralisme social et culturel 

 

La conception d'identité est quasiment exclusivement juridique et rejoint celle d'une laïcité d'occultation de la diversité culturelle de notre société.   La notion d'identité est présente seulement dans six lexiques sur dix. Cinq définitions  se cantonnent à l'aspect strictement juridique. Seul Belin 2013 y  inclut " les croyances ".

De nombreux manuels présentent en documents de larges extraits de textes de référence dont la Convention internationale des Droits de l'enfant de 1989. Mais sans interroger  ces articles traitant "du développement spirituel, moral et social", "du bien-être social, spirituel et moral" de l'enfant, des "valeurs culturelles du pays" ou " des civilisations différentes de la sienne" (Art. 14, 17 et 29).

La dimension vécue de l'identité faite d'appartenances multiples, hiérarchisées, évolutives comme la famille avec ses racines culturelles propres, avec ses divers degrés d'adhésion à un tradition religieuse, philosophique ou autre, comme la participation à un club de sports ou à la vie d'une association, n'est présente dans aucun manuel. Dans les pages consacrées à l'identité, le social, le culturel, le convictionnel et le religieux sont occultés ainsi que la réalité plurielle de la société. L'idée d'altérité n'a-t-elle rien à voir avec ce concept?  Un changement de programme est ici encore attendu. 

 

 Laïcité de méfiance, laïcité d'assimilation/exclusion, omniprésente, la religion peu ou pas compatible avec la République

 

 Que dit-on de la laïcité dans ces mêmes manuels ? L'image d'une laïcité d'occultation de la diversité culturelle, de méfiance envers le convictionnel et le spirituel, soit d'une laïcité d'assimilation / exclusion est également omniprésente.

 

Dans les lexiques, sept manuels ont choisi une définition de laïcité telle qu'elle doit s'appliquer dans l'espace public en général. Six en donnent une définition tronquée centrée uniquement sur la neutralité de l'Etat vis-à-vis des religions. Magnard 2009 se place dans une perspective plus ouverte : "la laïcité est le principe qui caractérise un Etat dans lequel le pouvoir politique...(est) indépendant de toute religion. L'Etat laïque est donc neutre. il garantit cependant la liberté religieuse et le libre exercice des cultes."

Trois éditions seulement définissent la laïcité dans le cadre scolaire, et ce, avec des acceptions très diverses. Magnard 2013 propose pour laïcité : "refus de faire entrer les croyances religieuses à l'intérieur de l'école publique." Nathan 2009 donne une définition très prudente :" l'Etat ne favorise aucune religion, qui relève de la vie privée. A l'école publique, la religion ne doit pas être ostentatoire (trop marquée) ".

 


laïcité de confiance,  d'intégration /inclusion à dose homéopaphique

 

Une exception. Une seule définition sur dix en cohérence avec l'esprit de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat en 1905, avec certains textes du ministère de l'Education, donne une définition d'une laïcité de confiance envers le culturel, le convictionnel et le spirituel, une laïcité d'intégration /inclusion. Caroline Barideau et Dominique Dubois dans l'un des deux manuels Hatier sont les seules auteurs à donner une définition de laïcité qui ne soit pas suspicion ou opposition par rapport à la religion : "neutralité de l'enseignement par respect pour la liberté de conscience des élèves." 

 

Toujours dans les lexiques, quelles notions relevant du champ sémantique de laïcité sont présentes? Sur les dix manuels, blasphème, conviction, fraternité - notion absente du libellé des programmes d'éducation civique du collège encore en vigueur -, liberté, opinion et  solidarité sont absentes. Celles d'égalité, dignité, foi, neutralité, pluralisme, prosélytisme, respect, responsabilité, ségrégation, valeur apparaissent une seule fois sur dix. La notion de tolérance apparaît seulement deux fois. Celles de civisme/incivisme, démocratie et liberté de conscience apparaissent trois fois seulement.

Dans les lexiques encore, rareté et/ou imprécision de définitions de notions donnant accès à la compréhension de laïcité, et plus particulièrement dignité, liberté de conscience, neutralité et pluralisme, ainsi que association, citoyen, identité, neutralité et ségrégation.

 

Première conclusion, les lexiques présents dans les manuels d'éducation civique de 6e présentent très majoritairement  une laïcité de méfiance vis-à-vis religions, comme, une laïcité exclusive pour les sociologues, une laïcité d'opposition, disait Paul Ricoeur. L'ignorance de termes précis risque de peser lourd dans la fabrication ou le renforcement de préjugés, d'amalgames, de discours doctrinaux ou radicaux, religieux ou athées, tous porteurs de peurs, d'exclusion ou de haine

 

Que disent les textes d'auteurs ? Huit ont un discours qui ne distingue pas religion et enseignement des faits religieux : " le collège est laïc...la religion relève de la vie privée et les croyances ne font pas partie de l'enseignement public, comme c'était le cas en France avant la loi de Jules Ferry de 1882. Cela est rappelé dans le règlement intérieur. ": lit-on chez Belin 2013. Deux manuels - Belin 2009 et Hachette A. - présentent une histoire de la laïcité française sans le contexte historique, donnant une vision réductrice d'une part de  la République qui serait par essence opposée à la religion, d'autre part de la religion par essence opposée à la République. Aucun manuel ne mentionne qu'au XIXe siècle le clergé catholique majoritairement monarchiste et influent était antirépublicain et que le système scolaire était un enjeu vital pour la survie du jeune régime républicain. Ainsi construit-on du préjugé, de la pensée dogmatique, ahistorique, qui féconde les intégrismes. On retrouve ici l'image omniprésente d'une laïcité de méfiance, une laïcité d'assimilation/exclusion.

 

Une exception : le manuel dirigé par C.Barideau et D.Dubois (Hatier) offre une toute autre image, celle d'une laïcité de confiance envers le culturel, le convictionnel et le spirituel, une laïcité d'intégration /inclusion, d'une laïcité de confrontation, disait Paul Ricoeur. Il titre, à la page 14, : " L'école respecte mes croyances " et donne comme problématique : " Comment respecter les croyances de chacun?". Toutefois, le terme de convictions ajouté à celui de croyances serait plus juste en évitant de se focaliser sur les "croyants". Ce manuel est aussi le seul à distinguer prosélytisme et enseignement des faits religieux.                              

 

Et que disent les nombreux documents textuels et visuels ? On retrouve deux images opposées, deux laïcités : la première omniprésente, laïcité de méfiance, laïcité d'assimilation/exclusion, très sourcilleuse sur les signes religieux ; la seconde, laïcité de confiance , d'intégration /inclusion parlant autant de dialogue et de respect des différentes convictions que de comportements à sanctionner, dans un seul ouvrage, celui de C.Barideau et D.Dubois.

 

Une laïcité de complaisance par rapport à l'idéologie du système économique dominant ?

 

Une question non anodine mérite aussi d'être posée : la laïcité qui se veut aseptisée par rapport au fait religieux n'offre-t-elle pas une image de complaisance par rapport au fait marchand, à l'idéologie du système économique dominant ? Exemple, un manuel illustre la leçon titrée " le collège, un espace laïque" par une photo de classe. Des bulles indiquent les diversités convictionnelles. La réponse évidente à une des questions est : " la loi de 2004 est respectée, aucun signe religieux n'est visible." Toutefois sur près de la moitié des vêtements d'élèves sont fort visibles marques et logos variés! Sous les préaux, surtout en début d'année - les mères en savent quelque chose -, ce n'est pas la répétition des guerres de religions qui engendre le plus de comportements méprisants, sources d'ostracisme aussi subtil que blessant et qui dissolvent le vivre ensemble sans conflits apparents... Cette laïcité de complaisance vis-à-vis du système économique dominant se retrouve, par exemple, dans les pages de nombreux manuels de d'éducation civique, de géographie où sont décrites avec précision les inégalités scolaires nationales, mondiales, les inégalités économiques, sociales culturelles nationales, mondiales sans que la complexité des causes de ces phénomènes ne soit interrogée.

 

En conclusion de cette lecture des manuels d'éducation civique de 6ème, un constat plus que préoccupant : un seul manuel sur dix donne une image d'une laïcité de confiance, laïcité d'intégration /inclusion dans l'espace scolaire,  seule image cohérente avec l'esprit de la Loi de 1905, avec plusieurs textes actuels du ministère de l'Education nationale dont ceux sur l'enseignement des faits religieux. Ce dernier, loin d'être nouveau, était relancé à la suite de la publication de deux rapports très médiatisés, celui de Philippe Joutard en 1991 et celui de Régis Debray en 2002, rapport commandé par Jacques Lang, à l'époque ministre de l'Education,... suite aux attentats du 11 septembre 2001. Aujourd'hui, les faits religieux y sont globalement dévitalisés, quasiment privés de leur dimension symbolique et vus comme relevant des temps anciens.

 

Laïcité de méfiance, d'assimilation/exclusion également omniprésente en histoire géographie 

 

L'image dominante de la laïcité dans les autres manuels d'éducation civique et d'histoire-géographie du collège est encore celle d'une laïcité de méfiance, laïcité d'assimilation/exclusion : manque de rigueur dans les lexiques, contenu trop abstrait, plus centré sur le juridique que sur le culturel, manque de mise en perspective historique, les valeurs du vivre ensemble de la République n'ayant rien à voir avec les ressources des grandes traditions philosophiques et religieuses. Ainsi se trouve renforcé le cliché de l'incompatibilité entre religion et démocratie, cliché qui participe à la construction d'une pensée dogmatique, intégriste, radicale, haineuse. On est loin d'une éducation au développement de l'esprit critique de lélève.

 

Autre exemple de laïcité d'assimilation/exclusion ou de laïcité d'intégration /inclusion dans les manuels. Au  programme de géographie de 4e : "Diversité religieuse et les défis qu’elle pose. " Peu de manuels s'expriment sur les enjeux que représente cette diversité religieuse. Belin montre bien le rôle culturel et social des religions et évoque les cohabitations entre communautés religieuses (p.312-313). Hachette offre deux visions opposées de la diversité religieusesans que des clés soient données aux élèves. Dans la première, les religions sont facteurs de paix : une double page (340-341) est titrée "L'île de La Réunion, un exemple de diversité religieuse", l'auteur donne à voir " une société plurielle et multiculturelle" où, depuis l'an 2000, un groupe rassemblant quatre religions permet " un dialogue régulier entre les responsables des différentes religions présentes sur l'île " et un règlement des tensions. Dans la seconde vision, les religions, et plus particulièrement l'islam, sont facteurs de violence : " Cette diversité doit affronter des défis dans lesquels la résistance à la mondialisation joue parfois un rôle... Le terrorisme d'une petite minorité islamiste notamment bouleverse les équilibres planétaires et fait peser des menaces..." (p.346)

 

Amalgame entre islam et terrorisme rarement décrypté 

 

Un dernier exemple de laïcité de méfiance  teintée d'incompétence par manque de rigueur dans les manuels d'histoire de 3ème de 2012. " Les menaces terroristes" sont au programme. Quelle image implicite de la laïcité s'en dégage ?  Un constat : deux manuels sur sept apportent une pluralité d’éléments d’analyse. Seul Hachette présente clairement l’instrumentalisation d’une religion par un groupe politique. Pour les autres ouvrages, l'amalgame entre islam et terrorisme est une quasi-évidence. Trois lacunes importantes.

 

Tout d'abord, silence est fait sur les causes historiques, économiques, sociales et  culturelles de l'islamisme politique, de cet intégrisme politico-religieux. Ensuite, absence de mise en perspective historique de  formes variées d'intégrismes religieux ou laïques, colonnes vertébrales idéologiques de régimes totalitaires comme le fascisme, le nazisme ou le stalinisme, tous au programme de 3e : l'autre est toujours le barbare qui met la civilisation en danger ; il est l'incarnation du Mal. Enfin, absence de lien entre histoire et éducation civique. 

 

Laïcité de méfiance, d'assimilation/exclusion également dominante dans les textes du ministère

 

Loin de nous l'intention d'accabler tout auteur ou éditeur de manuels. Cette analyse des images de la laïcité dans les manuels appelle une question : quelles images de la laïcité sont véhiculées par les programmes et les divers textes officiels ? Disons d'emblée que les responsabilités sont largement partagées, l'image d'une laïcité de méfiance envers le culturel et le fait religieux est globalement présente aussi bien dans les programmes, le Socle commun des connaissances, des compétences et de la culture, la Charte de la laïcité produits par le ministère, que dans les diverses " ressources pour la classe ", produites par la Dgesco, Direction générale de l'enseignement scolaire ; le thème de la laïcité stricto sensu est cantonné dans les programmes d'éducation civique de collège à la 6e; il y est vu surtout sous un aspect juridique, la dimension culturelle étant fortement gommée. Les programmes d'histoire de 4e/3e devraient prendre en compte l'histoire de la laïcité pour déconstruire l'amalgame : religion incompatible avec la démocratie. La place plus que discrète faite à l'enseignement des faits religieux dans les programmes pose la question de la cohérence avec le discours généreux du Socle et d'autres textes sur les finalités éducatives. 

 

 Laïcité de méfiance et laïcité d'abstention fréquentes sur le terrain

 

Quelles images de la laïcité sont présentées et enseignée dans les classes? Comment les enseignants la présentent-t-ils ? La réponse est difficile. Mais, il semble qu'on assiste à un désengagement progressif de beaucoup enseignants pour l'enseignement moral et civique, considéré comme une mission non fondamentale de l'école et assimilé à l'enseignement moral de la Troisième république. Les enseignants n'ont d'ailleurs aucunement le monopole de ce désengagement par rapport à la transmission de règles de vie commune, face à une administration peu aidante, des parents animés de peurs diverses et légitimes sur ce sujet. Sur le terrain, dans l'enseignement public, une laïcité d'abstention semble concurrencer  la laïcité de méfiance

 

Que va proposer alors notre école - et notre société - comme horizon de sens à notre jeunesse ?

 

La laïcité de méfiance, d'assimilation/exclusion dominante apparaît un frein objectif au Projet d'enseignement moral et civique, sorti récemment,  appelant chaque élève à un engagement citoyen. Le contenu de ce concept doit impérativement changer. Doit-on rappeler la captation par le Front national de ce terme, recyclé dans un discours d'exclusion bien peu républicain.

 

Le 22 janvier 2015, la ministre de l'Education nationale a donc présenté onze mesures symboles de la grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la République. Viennent en tête la laïcité et la transmission des valeurs républicaines. En absence d'une définition précise du concept de laïcité, cette mobilisation a priori généreuse risque d'être rapidement improductive. Certes cela n'empêchera pas nombre d'enseignants de continuer à pratiquer une pédagogie 100% laïque, pédagogie d'ouverture au débat et à l'accompagnement d'initiatives citoyennes d'élèves, l'expérimentation du vivre ensemble étant le meilleur "outil" éducatif. Mais, le compte n'y est pas et le temps presse.

 

La laïcité dont a besoin notre école nécessite simplement deux petites révolutions coperniciennes.

La première, un changement de regard de notre société sur sa jeunesse. Michel Serres ne dit-il pas : " Une société qui ne paie pas ses enseignants n'aime pas sa jeunesse." ?                                                                     

La seconde : passer d'une laïcité de méfiance, d'assimilation/exclusion contraire à l'esprit de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat et prêchée par le Front national, à une laïcité de confiance ouverte à la  pluralité culturelle, à une laïcité d'intégration/inclusion où vivre ensemble rime avec fraternité et respect de la dignité de chacun, à une laïcité espace-creuset où s'expérimentent les valeurs républicaines de liberté, d'égalité, de fraternité issues des traditions religieuses et philosophiques, la culture du débat et la pratique d'initiatives citoyennes.

 

Défi que notre société est sommée de relever. Les jeunes, dans et hors l'école, en seront les premiers bénéficiaires et aussi,  à n'en pas douter, les premiers acteurs.  

Dans le cas contraire, l'enseignant, toujours soucieux de déontologie et souvent dans une position quelque peu schizophrène, sera de plus en plus  funambule sur une corde que notre société s'applique - ou s'acharne - à amenuiser. 

                                                

          Alain Merlet et Jean-Marc Noirot  

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